Eliminer le virus au lieu d’essayer de vivre avec : ma vision de la stratégie “Zéro Covid” en France

Christophe Daunique
14 min readApr 29, 2021

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Cet article fait suite à un premier article où je présentais les raisons qui m’avaient amené à conclure que la stratégie Zéro Covid était la plus adaptée en France et en Europe. Je n’ai pas changé d’avis depuis d’autant plus qu’une étude publiée dans The Lancet montre que cette stratégie était bien meilleure que les autres. Ici, je souhaite plutôt esquisser le contenu de cette stratégie et je me suis inspiré notamment de la dernière note publiée par le think tank Terra Nova, même si elle préconise plutôt une stratégie de suppression ou d’endiguement.

Avant d’entrer dans le détail, je souhaite préciser quelques points :

  • Comme dans tout exercice stratégique, je fixe d’abord une ambition concrétisée sous la forme d’un objectif mesurable par des indicateurs. Ensuite, j’envisage les mesures nécessaires pour l’atteindre en partant du principe qu’elles seront effectivement mises en œuvre. Par conséquent, je ne pense pas à la faisabilité de la mesure dans les circonstances actuelles car je pars du principe que je me donnerai les moyens pour que ces circonstances évoluent pour la rendre faisable. Si les mesures ne sont pas pleinement mises en œuvre, c’est un problème d’exécution et pas de stratégie.
  • Je n’aborde pas le volet du traitement des malades, quelle qu’en soit la forme.
  • Je n’aborde pas non plus la conduite de la vaccination. Je pose comme hypothèse qu’elle a lieu dans ses conditions actuelles, notamment le manque de doses.
  • Les mesures sont décrites succinctement, en posant les principes et quelques modalités à grands traits, car c’est une stratégie et non un mode opératoire. Chaque mesure mériterait d’être détaillé par un article dédié.
  • Il n’y a pas de chiffres car je ne dispose pas à mon niveau de la capacité d’analyse nécessaire pour mesurer finement l’impact de chaque mesure sur la réduction du nombre de contaminations. Idem pour les coûts associés.
  1. L’objectif de la stratégie Zéro Covid est de viser l’élimination du virus dans la population dans un territoire donné.

Comme pour toute stratégie, il faut d’abord définir le problème à résoudre. Ici, il s’agit d’un virus, le Sars-CoV-2, qui présente un danger important pour l’être humain, en raison de sa contagiosité et de sa virulence. En l’occurrence, plusieurs stratégies sont possibles pour y faire face :

  • Stratégie n°1, le laisser-faire : le virus circule librement, aucune mesure n’est prise et la société continue aussi normalement que possible en espérant atteindre un jour une immunité naturelle → C’est une option que je refuse catégoriquement en raison des coûts associés, sanitaires comme économiques.
  • Stratégie n°2, la mitigation : la société tolère une circulation élevée du virus avec pour seule limite la capacité du système de santé à supporter la charge associé à la maladie → C’est de facto la stratégie actuelle mais non assumée par le gouvernement. Je la rejette également catégoriquement en raison de ses coûts sanitaires et économiques. De plus, le stop and go associé n’est pas supportable à long terme par la population.
  • Stratégie n°3, la suppression ou l’endiguement : la société cherche à limiter activement la circulation du virus, sans pour autant essayer d’atteindre zéro. → C’est la stratégie proposée par le think tank Terra Nova et mise en œuvre par d’autres pays. Elle est probablement plus abordable mais même les pays qui ont réussi à la mettre en œuvre n’arrivent pas à vivre complètement normalement. Je pense notamment au Japon où le gouvernement a dû récemment déclaré un nouvel état d’urgence à Tokyo.
  • Stratégie n°4, l’élimination : la société cherche à supprimer toute circulation virale, condition nécessaire pour revivre complètement normalement. → Cette stratégie a ma préférence car elle est aujourd’hui la seule à avoir permis un retour à une vie normale sans impact sanitaire. Je prends souvent d’ailleurs pour exemple le Vietnam en la matière.

A ce stade, on pourra noter que les dernières stratégies cherchent à agir sur la circulation du virus. Par conséquent, je considère qu’elles constituent en quelque sorte un continuum. L’élimination est la suppression poussée à son paroxysme et les mesures utilisées sont d’ailleurs très semblables.

Comme pour toute stratégie, je me fixe un indicateur stratégiques, à savoir, un nombre de nouveaux cas quotidiens de 50 pour 1 million d’habitants, calculé sur la moyenne des 7 jours précédents, ce qui correspond au niveau actuel du Royaume-Uni et du Portugal (la France est à environ 400 au moment où j’écris).

2. Les mesures à prendre dans le cadre d’une stratégie Zéro Covid sont toutes celles qui permettent de supprimer la circulation virale en supprimant les contaminations.

Pour supprimer la circulation virale, il faut supprimer les contaminations ou du moins les réduire le plus possible. Pour cela il faut donc en revenir à la manière dont le virus se transmet, et notamment au concept d’aérosols. Concrètement les personnes sont contaminées lorsqu’elles sont en contact prolongé, le plus souvent dans une situation à risque où les aérosols de la personne porteuse du virus vont se propager, ce qui arrive le plus fréquemment dans un lieu clos et mal aéré.

Par conséquent, il y a deux manières de lutter contre les contaminations :

  • soit en empêchant les contacts entre personnes ;
  • soit en sécurisant les contacts entre personnes, c’est-à-dire que les contacts ont lieu mais dans des conditions sanitaires suffisantes pour être protégé.

Pour y parvenir il y a plusieurs mesures peuvent être mises en œuvre. J’en avais décrit certaines dans cet article mais en résumé voici ce que je propose et détaille à la suite.

  • Des mesures pour éviter les contaminations : M1, une campagne massive de communication sur le virus ; M2, la sécurisation collective de tous les locaux clos, accueillant du public en travaillant sur l’aération et la purification de l’air, et M3, la sécurisation individuelle des contacts grâce à la systématisation du port de masque de type FFP2 ;
  • Des mesures pour s’assurer que les contaminations résiduelles ne débouchent pas sur d’autres contaminations : M4, l’amélioration significative du dispositif tester / tracer / isoler, notamment grâce au recrutement de 50 000 épidémiologues de terrain ;
  • Des mesures pour éviter l’importation de cas venant de l’extérieur : M5, le contrôle sanitaire des frontières avec une quarantaine obligatoire des voyageurs ;
  • Des mesures pour casser à court terme la courbe des contaminations : M6, un confinement dur.

Concernant leur délai de mise en œuvre :

  • A court terme, dans l’ordre de deux semaines, il me semble possible de mettre en place une campagne massive de communication, la systématisation du port de masque FFP2, et un confinement dur ;
  • A moyen terme, de l’ordre du mois, l’ensemble des lieux publics doit pouvoir être sécurisé, le contrôle sanitaire des frontières assuré y compris pour les frontières terrestres, et le dispositif tester / tracer / isoler amélioré.

Toutes ces mesures me semblent nécessaires, que ce soit pour une stratégie de suppression ou une stratégie d’élimination. Selon moi, la différence fondamentale entre les deux réside principalement dans l’utilisation du confinement :

  • Ma stratégie privilégiée est l’élimination et je suis donc favorable à un confinement dur, identique à celui de mars dernier, pendant au moins quatre semaines, le temps de mettre en place les mesures nécessaires. En revanche, c’est une option très coûteuse, à la fois économiquement et psychologiquement et je suis parfaitement conscient que son acceptabilité par la population est fortement sujette à caution. A défaut, une option pourrait être de mettre en œuvre des confinements locaux à condition de contrôler réellement les déplacements de la population au sein du territoire national.
  • La stratégie la plus réaliste est la suppression et donc l’absence de confinement dur. En revanche, cela implique d’assumer le coût sanitaire lié à la diminution lente du plateau actuel de contaminations, sans garantie d’ailleurs que cette diminution se poursuive suffisamment.

3. Un premier ensemble de mesures doit permettre d’éviter des contaminations.

Mesure n°1 : Une campagne massive de communication sur le virus, en insistant sur ses conséquences au-delà de la mortalité, notamment le risque de Covid long, et sur ses modalités de transmission, en particulier le rôle des aérosols respiratoires et donc l’importance de la ventilation. Elle permet à la fois de réduire les contacts entre personnes, puisque certaines personnes décideront probablement de réduire leur vie sociale, et de sécuriser les contacts restants puisque les personnes feront plus attention. Cela permettrait par exemple d’éviter les contaminations stupides par négligence telles que celles décrites dans ce tweet d’une réanimatrice.

Mesure n°2 : La sécurisation collective de tous les locaux clos, accueillant du public (écoles, bureaux, commerces, lieux culturels, et même cantines et restaurants), en travaillant sur l’aération et la purification de l’air à plusieurs niveaux :

  • Déploiement systématique de capteurs de CO2 comme instrument de mesure pour vérifier que le renouvellement de l’air est suffisamment important (plus le taux de CO2 est élevé, moins l’air est renouvelé) ;
  • Ventilation mécanique pour renouveler l’air en ouvrant le plus possible les fenêtres ;
  • Purification de l’air via le déploiement de purificateurs avec filtre HEPA ;
  • Refonte complète des circuits de ventilation dans les bâtiments, option la plus chère mais également la plus radicale, et qui pourrait d’ailleurs utilement être couplée à une réflexion sur la consommation énergétique.

A cela peut s’ajouter le fait de basculer en extérieur le maximum d’activités possibles, notamment à l’école.

Pour cette mesure, il s’agit de sécuriser les contacts nécessaires à la vie en société notamment en ce qui concerne l’éducation des enfants et le travail.

Mesure n°3 : La sécurisation individuelle des contacts grâce à un investissement massif en masques plus protecteurs de type FFP2 qui filtrent l’air inspiré, contrairement aux masques chirurgicaux, et qui pourrait être fourni aux personnes en situation plus risquée à savoir celles qui sont amenées à côtoyer du public durant leur temps de travail comme les enseignants ou les caissiers.

4. Un deuxième ensemble de mesures doit permettre de s’assurer que les contaminations résiduelles ne débouchent pas sur d’autres contaminations

Mesure n°4 : L’amélioration du dispositif tester / tracer / isoler

En prenant le premier ensemble de mesures, les autorités devraient normalement parvenir à diminuer considérablement les contaminations entre les personnes dans des lieux publics. On peut espérer que cela soit suffisant tout en étant conscient qu’il restera une part incompressible de rencontres dans des lieux privés qui ne pourront être empêchées sauf à imposer un confinement dur interdisant à la population de sortir mais j’y reviendrai juste après.

Pour s’assurer que les contaminations résiduelles soient maitrisées, le dispositif tester / tracer / isoler doit être amélioré significativement car il n’est pas du tout au niveau. Concrètement, il faudrait :

  • Tester beaucoup plus massivement, car le problème posé par ce virus est que les porteurs ne sont pas facilement identifiables. Il faut donc mieux tester, en allant chercher les populations les plus susceptibles d’être contaminées, par exemple dans les écoles et dans les organisations recevant du public, en utilisant toutes les techniques possibles (tests salivaires, pooling, autotests…) quitte à ce que cela devienne une obligation dans certains cas. Par ailleurs, la surveillance des eaux usées doit permettre de détecter rapidement les zones où le virus se développe et donc de réaliser des tests massifs de manière anticipée.
  • Tracer mieux en utilisant à la fois des moyens humains et technologiques pour repérer davantage de cas contacts et enfin parvenir à mettre en œuvre le traçage rétrospectif à la japonaise qui permet de remonter jusqu’à la source de la contamination. A titre personnel, je suis favorable à l’utilisation obligatoire d’un QR code via une application dans tous les lieux publics qui permettrait aux enquêteurs de contrevérifier les informations fournies par le porteur du virus et par exemple d’identifier des contacts supplémentaires qui auraient été oubliés, malencontreusement ou non.
  • Isoler réellement les personnes malades et les cas contacts en leur facilitant la vie ce qui signifie concrètement les indemniser pour ne pas avoir de pertes de revenus, organiser la logistique pour qu’elles puissent bénéficier de ce dont elles ont besoin (soins médicaux, nourriture, garde des enfants…) sans sortir de chez elles, voire payer des logements ad hoc de type hôtel de quarantaine si les logements ne sont pas assez spacieux. En contrepartie, l’isolement doit être obligatoire, et contrôlé s’il se fait à domicile, par des moyens humains tels que des visites inopinées des forces de l’ordre voire des moyens électroniques tels que le suivi en temps réel des smartphones ou des bracelets électroniques.

Concrètement pour mettre en œuvre ce dispositif tester / tracer / isoler performant, une possibilité est de procéder au recrutement de 50 000 épidémiologues de terrain, comme suggéré dans une tribune de Libération et par le collectif RogueESR. Ils seraient répartis par groupe de 5, et affectés à des territoires en fonction des poussées épidémiques et mettraient en œuvre le dispositif au niveau local en :

  • Réalisant les tests sur le terrain ;
  • Retraçant les cas contacts via interrogation des porteurs du virus ;
  • Accompagnant les personnes isolées pour leur faciliter la vie.

Il s’agirait en quelque sorte d’un service public de gestion et de lutte contre l’épidémie.

5. Un troisième ensemble de mesures vise à éviter l’importation de cas venant de l’extérieur.

Mesure n°5 : Mettre en œuvre un contrôle sanitaire effectif des frontières

J’en ai déjà parlé dans d’autres articles notamment sur le Vietnam ou encore ici au sujet de l’Inde. Au vu de l’état actuel de l’épidémie en France, qui est n’est pas vraiment contrôlée, l’arrivée de personnes contaminées supplémentaires ne constitue pas en soi en problème car leur faible nombre ne va pas influer fortement sur la dynamique de l’épidémie. En revanche, le risque lié à ces personnes est plus liée à l’introduction de variants peu fréquents aujourd’hui au sein de la population et qui pourraient à terme causer des problèmes à cause de l’échappement immunitaire voire vaccinal. Je pense notamment au variant P1 présent au Brésil, au variant B.1.351 d’Afrique du Sud et dernièrement le variant B.1.617 d’Inde. Même si ces variants sont déjà présents sur le territoire, il s’agit ici de ne pas en introduire davantage via le transport international afin de ne pas donner davantage d’occasions à ces variants de se multiplier et de se répandre au sein de la population.

Pour cela, je préconise de mettre en œuvre une quarantaine obligatoire pour tous les passagers aériens, en provenance des pays à risque, voire de tous les pays hors UE ce qui implique :

  • Une quarantaine obligatoire à l’hôtel pour tous les passagers, y compris pour les ressortissants nationaux, à leurs frais ;
  • L’organisation de la logistique de la descente de l’avion à l’hôtel par les autorités en minimisant les risques de contamination ;
  • L’aménagement spécifique des hôtels de quarantaine notamment pour s’assurer que la ventilation est suffisamment performante, il y a eu des exemples de contaminations dans les hôtels de quarantaine en Océanie à cause de climatisation inadaptée ;
  • Une durée minimale de 14 jours pour s’assurer de repérer toutes les contaminations ;
  • Un contrôle rigoureux de la quarantaine, si besoin en faisant garder les hôtels par les forces de l’ordre pour s’assurer que les passagers ne sortent pas de leur chambre ;
  • Une autorisation de sortie seulement après deux tests PCR négatifs
  • Un tracing numérique obligatoire via une application dédiée dans les 7 jours suivants pour suivre les contaminations résiduelles.

Il est souvent rétorqué qu’une telle mesure était inutile tant que les frontières terrestres n’étaient pas contrôlées. C’est pourquoi je propose également de contrôler les frontières terrestres selon les mêmes modalités, si la France décide de mener seule cette stratégie.

6. Un dernier ensemble de mesures doit permettre de réduire à court terme le nombre de contaminations.

Mesure n°6 : Un confinement dur pour casser la courbe des contaminations

L’ensemble des mesures présentées précédemment est nécessaire pour éviter les contaminations et maintenir l’incidence à un faible niveau. En revanche, elles ne peuvent pas seules permettre de réduire rapidement le nombre de contaminations. A l’heure où j’écris, il y a encore en moyenne 27 000 nouveau cas par jour ce qui est trop élevé pour que le dispositif tester / tracer / isoler soit opérant. Je ne connais pas précisément le niveau auquel il faudrait redescendre mais quand je vois les exemples des pays asiatiques comme la Corée du Sud ou le Japon, je considère qu’une cible raisonnable est d’arriver d’abord à retomber à au moins 5000 cas par jour. Pour cela il y a trois manières d’y parvenir :

  • Maintenir les mesures actuelles jusqu’à y parvenir → La courbe actuelle des contaminations semble indiquer une amélioration de la situation mais celle-ci reste très lente. On peut espérer un léger effet positif avec le retour des beaux jours mais je reste très circonspect car la diminution du nombre de cas n’est pas garantie.
  • Miser sur la vaccination pour y parvenir → La France est supposée recevoir suffisamment de doses pour vacciner environ 70 % de ses adultes d’ici la mi-juillet. La vaccination fonctionne pour réduire significativement les cas graves et elle semble réduire également les transmissions. En revanche, je reste très circonspect pour plusieurs raisons. Tout d’abord aucun pays n’a réussi à réduire significativement les contaminations uniquement avec les vaccins, le Royaume-Uni et Israël ont vacciné en même temps qu’ils menaient une politique de suppression virale. Ensuite, il faut que les doses arrivent et qu’elles soient effectivement injectées ce qui n’est pas possible à très court terme, car elles ne sont pas disponibles en nombre suffisant. Enfin, cela suppose aussi qu’un variant capable de contourner la protection vaccinale n’apparaisse et ne se diffuse pas.
  • Mettre en place un confinement dur identique à celui de mars dernier. → C’est mon option privilégiée malgré ses coûts que je sais importants. En effet, contrairement à ce que pensent les critiques, un confinement dur, qui empêche les contacts est efficace car les gens ne peuvent pas se contaminer s’ils ne sont pas en contact. Les estimations pour parvenir à 5000 cas par jour étaient autour de 2 à 4 semaines. En revanche, je perçois bien que son acceptabilité à l’heure actuelle est très faible. Il aurait mieux valu le faire en janvier et en février comme d’autres pays européens tels que le Portugal. Le retour des beaux jours rend cette option de moins en moins acceptable, d’autant plus que les pays autour de nous, rouvrent ou envisagent de le faire.
  • Idéalement, je préfèrerais assumer un confinement jusqu’à réduire significativement le nombre de cas quotidiens, comme ce qui a été fait dans les pays asiatiques ou en Australie ou plus près de nous au Portugal. Cela me semble atteignable avec le concours de la vaccination même si l’option me semble encore moins acceptable par la population.

7. Le niveau pertinent pour mettre en œuvre cette stratégie Zéro Covid est le niveau européen mais à défaut le niveau national reste possible.

Ma préférence va pour une stratégie au niveau européen pour plusieurs raisons :

  • Cela permet d’assurer une synchronisation du cycle épidémique dans tout le territoire européen ;
  • Cela permet de partager les bonnes pratiques et les ressources entre tous les pays ;
  • Cela permet de concentrer le contrôle sanitaire sur les frontières extérieures et donc de ne pas avoir à contrôler les frontières terrestres intérieures ;
  • Cela permet de préserver davantage le marché européen et donc l’économie.

En revanche, la tâche reste herculéenne et les prérequis très difficiles à atteindre :

  • Une volonté politique forte et soutenue, soit venant de la Commission européenne, soit d’un groupe de pays leaders capables d’embarquer les autres ;
  • La mise à niveau simultanée des mesures nécessaires dans tous les pays en dépit de cultures différentes, si un seul pays échoue à mettre en œuvre correctement les mesures, comme par exemple la quarantaine des voyageurs, et que les frontières restent ouvertes, il constituera un risque pour les autres ;
  • Une mobilisation de la population européenne équivalente à celle d’une mobilisation de guerre, dans une logique de lutte contre un ennemi commun.

Au plan matériel, les Etats européens disposent des ressources nécessaires pour mettre en œuvre cette stratégie donc selon moi le vrai problème porte sur la volonté politique. A titre personnel, je considère que cette crise constitue une opportunité pour l’Union européenne de s’inscrire dans l’Histoire et de développer à nouveau une vision stratégique similaire à celle qu’elle avait eue pour mettre en œuvre la monnaie unique. Elle devrait donc s’en emparer ne serait-ce que pour rattraper le fiasco vaccinal et pour prouver toute sa valeur ajoutée à la population européenne.

Si malheureusement il n’est pas possible de mettre en œuvre cette stratégie au niveau européen, je serais alors d’avis de mettre en œuvre cette stratégie au niveau national en assumant si nécessaire le contrôle sanitaire des frontières terrestres avec les principes suivants :

  • déploiement des forces de sécurité aux frontières terrestres pour contrôler les flux, dans une logique similaire à celle qui a suivi les attentats terroristes ;
  • traitement particulier des conducteurs routiers et autres personnes nécessaires pour maintenir la circulation des marchandises ;
  • régime ad hoc au cas par cas pour les travailleurs transfrontaliers, avec tests systématiques et si nécessaire interdiction temporaire de déplacements vers des régions à risque ;
  • aides ad hoc pour les entreprises pénalisées par le contrôle des frontières notamment le secteur du tourisme et assimilé, en attendant la reprise des déplacements.

Une telle stratégie serait plus coûteuse au niveau national mais elle reste encore une fois matériellement possible.

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Christophe Daunique

Management consultant, specialized in public policies. I used to write about Covid-19. Now I’ll write about other stuff, including live music entertainment.